La dépendance, comme dans la consommation de substance ou du jeu, peut venir nous affecter dans plusieurs sphères de nos vies, que ce soit être excessif dans le sport, le travail ou même aller dans l’achat compulsif. Toutefois, elle peut également venir nous affecter au plan affectif et c’est pourquoi aujourd’hui, nous vous parlons de dépendance affective.
La dépendance affective, premièrement, n’est pas reconnue au niveau médical comme la dépendance aux drogues, à l’alcool ou au jeu; on parle davantage d’un vide intérieur. Plus précisément, on parle de dépendance quand, dans une relation, notre estime de soi est entièrement dépendante du regard que porte l’autre sur nous. On n’existe que dans son regard. Les relations de dépendance sont souvent souffrantes et on en retire rarement de la satisfaction. On a l’impression de toujours devoir en faire plus pour susciter l’intérêt d’un conjoint souvent distant, non disponible.
Il est également important de savoir que cela peut également se présenter dans notre relation avec nos familles, nos enfants ou un(e) ami(e) – notre valeur ou l’importance qu’on accorde à soi-même devient moindre que celle que l’on accorde à l’autre et cela nous amène à vivre que pour l’autre ou, au contraire, on peut croire que nous sommes l’unique responsable du bonheur de l’autre. Le besoin d’attachement est naturel et sain, mais dans le cas de la dépendance affective, celui-ci se retrouve à l’extrême.
La dépendance affective découle plus souvent qu’autrement d’un manque d’estime ou de confiance en soi, de relations passées déficientes qui nous ont marquées, d’un manque d’affection en bas âge, peur de la solitude ou l’attachement, etc. Elle se manifeste de plusieurs façons et en faire une liste pourrait prendre des heures, mais voici quelques exemples :
Soif de plaire à tout prix, amour de l’autre à l’extrême et peur de couper une relation même dans une relation malsaine/toxique, impression que l’autre ne nous envoie pas autant d’amour que nous en donnons (attentes parfois irréalistes, difficulté à vivre une intimité heureuse, exigences difficiles à combler, etc.), ruptures à répétition et peur de l’engagement, besoin constant d’être rassuré, valorisé, de compliments, d’amour, etc., obsession pour le ou la partenaire (parfois même un(e) ami(e), notre enfant ou un parent), communication déficiente (besoin d’être rassuré, peur de déplaire et ne communique pas ses insatisfactions – ou communiqué de façon impulsive, etc.) ou isoler la personne afin de mieux contrôler la situation (en couple, en amitié, etc.).
La dépendance affective peut être sournoise, puisque elle peut également rendre une relation tout à fait saine en quelque chose de toxique dû aux comportements de la personne qui souffre de celle-ci; l’autre personne dans la relation souffre autant et peut donc soit reproduire également des comportements de dépendance affective ou, au contraire, être distant ou irritable. En somme, la dépendance affective ou vide intérieur est souvent le résultat d’un amour insuffisant pour soi-même que l’on essaie de combler par l’amour de l’autre personne. C’est un scénario qui semble également se répéter dans toutes nos relations si nous ne travaillons pas avant tout sur soi-même. Elle est également impérative à travailler puisqu’elle peut être, pour les dépendants, prédictive d’une rechute (alcool, drogue ou jeu) puisque les comportements sont souvent les mêmes.
Donc, que peut-on faire pour « guérir » de la dépendance affective?
- Premièrement, mettre en application le mode de vie des 12 étapes des fraternités anonymes aidera (admettre son impuissance et sa perte de maîtrise, reconnaître qu’on ne peut pas tout contrôler, prendre conscience de nos actes et tords, etc.).
- Ensuite, il est important de renouer avec nos passions ou passe-temps que nous avons probablement délaissés pour consacrer notre temps à l’autre personne (et pouvoir se valoriser dans une activité ou passion à nous), travailler sur l’estime de soi (psychologue, exercices, etc.) et prendre conscience d’où cette blessure provient pour mieux l’affronter (blessures à l’enfance, relation amoureuse toxique dans le passé, etc.).
- Pour terminer, on doit rester vigilant à l’avenir et prendre conscience de notre « pattern » en relation pour pouvoir ne point le répéter et briser le cercle vicieux; cela n’est pas une tâche facile et comportera parfois des erreurs, mais avec l’introspection et la 10ème étape, nous pourrons nous « regarder aller ».
La dépendance affective, comme toute autre dépendance, n’est pas une cause perdue. Elle demande du travail, comportera des embûches, mais permettra d’éventuellement vous libérer et vous épanouir en relation future, ainsi que l’amour de soi.
Bon 24h,
Kimberley, Intervenante à la Maison La Margelle.